
Comment Franz Mesmer a-t-il découvert le magnétisme animal ?
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Au XVIIIe siècle, Franz Anton Mesmer, médecin allemand né en 1734, bouleverse le monde médical en proposant une théorie révolutionnaire : le magnétisme animal. Cette découverte, qui suscite à la fois fascination et controverse, s'inscrit dans le contexte intellectuel des Lumières, marqué par la recherche de lois naturelles universelles et par la remise en question des dogmes médicaux traditionnels.
Les origines de la théorie de Mesmer
Franz Mesmer s'intéresse très tôt aux phénomènes d'attraction et de répulsion, inspiré par les travaux de Newton sur la gravitation et par l'engouement de l'époque pour le magnétisme minéral. Il observe que certains aimants semblent avoir des effets bénéfiques sur la santé humaine. À partir de 1773, il commence à expérimenter l'utilisation d'aimants sur ses patients, espérant ainsi rétablir l'équilibre de leurs fluides corporels.
Cependant, Mesmer se rend rapidement compte que les effets thérapeutiques ne dépendent pas nécessairement de la présence physique de l'aimant. Il en vient alors à postuler l'existence d'un fluide universel invisible, qu'il nomme « magnétisme animal », capable d'influencer aussi bien les êtres humains que les animaux et les plantes. Selon lui, ce fluide circule dans tout l'univers et son déséquilibre provoque la maladie.
Les premières expériences et la naissance du magnétisme animal
En 1774, Mesmer traite une patiente souffrant de crises nerveuses en lui appliquant des aimants, mais également en utilisant ses mains pour « diriger » le fluide magnétique. La guérison spectaculaire de cette femme renforce sa conviction qu'il existe un principe thérapeutique indépendant de l'aimant lui-même. Mesmer développe alors une méthode où il impose les mains, fixe le regard ou utilise des baguettes pour transmettre ce fluide et rétablir l'harmonie chez ses patients.
Il publie en 1779 un ouvrage fondateur, Mémoire sur la découverte du magnétisme animal, dans lequel il expose sa théorie et ses observations cliniques. Il y affirme qu'il n'existe qu'une seule maladie et qu'un seul remède : le rétablissement du flux harmonieux du magnétisme animal dans le corps humain. Pour Mesmer, toute l'histoire de la médecine n'est qu'une illusion, car seul ce fluide invisible permet la guérison réelle.
La diffusion et la controverse
Installé d'abord à Vienne, Mesmer connaît un certain succès auprès de la noblesse, mais il se heurte à l'hostilité des médecins traditionnels. En 1778, il s'installe à Paris où il fonde une véritable école et attire de nombreux patients et disciples. Il met au point des séances collectives autour d'un « baquet » rempli d'eau et de limaille de fer, censé concentrer le fluide magnétique. Les séances provoquent souvent des crises spectaculaires, considérées comme des étapes nécessaires vers la guérison.
La communauté scientifique et médicale reste cependant divisée. Certains voient en Mesmer un charlatan, d'autres saluent une avancée majeure de la médecine. En 1784, le roi Louis XVI mandate une commission, composée notamment de Benjamin Franklin et Antoine Lavoisier, pour évaluer les fondements du magnétisme animal. Les expériences menées remettent en cause l'existence du fluide, mais n'expliquent pas pour autant les guérisons observées. Ces travaux constituent d'ailleurs l'un des premiers exemples d'expérimentation « à l'aveugle » dans l'histoire des sciences.
Le legs de Mesmer
Malgré la controverse, l'impact de Mesmer sur la médecine et la psychologie est considérable. Son magnétisme animal ouvre la voie à l'hypnose, à la suggestion et aux thérapies psychosomatiques. Il marque aussi la naissance d'une médecine qui prend en compte l'influence de l'esprit et du psychisme sur le corps. Aujourd'hui, si le fluide magnétique n'a pas été démontré scientifiquement, l'héritage de Mesmer demeure vivant dans l'histoire des sciences humaines et médicales.
Franz Mesmer a ainsi découvert le magnétisme animal par une démarche expérimentale, en observant et en interprétant les effets de ses interventions sur ses patients. Sa théorie, à la croisée de la science et de la croyance, témoigne de l'effervescence intellectuelle du siècle des Lumières et de la quête d'une médecine universelle et naturelle.
Le magnétisme animal de Franz Mesmer, bien que controversé à son époque, a posé les fondements de nombreuses approches thérapeutiques modernes. Son héritage le plus durable réside peut-être dans la reconnaissance de l'importance de la relation entre le corps et l'esprit, un principe aujourd'hui largement accepté en médecine.